Blottie au creux de la vallée de la Lys, Thérouanne est actuellement un bourg rural
d'environ 1100 habitants qui a connu un passé prestigieux.
Capitale de la Morinie ancienne, elle fut difficilement conquise par les légions de Jules César.
Les Romains y édifièrent une cité, chef-lieu administratif de la Morinie intérieure,
centre d'échanges commerciaux desservi par un réseau routier très dense.
La cité gallo-romaine eut à souffrir des invasions barbares aux III éme et IV éme siècles.
Elle ne renaîtra véritablement que sous l'épiscopat de Saint-Omer, évêque de Thérouanne
envoyé en Morinie par le roi Dagobert en 638, qui fonda quelques années plus tard la ville
qui porte son nom.
Thérouanne fut au Moyen-Âge le siège d'un des plus riches évêchés du nord de la France qui s'étendait de la Canche à l'Yser. Ses évêques furent durant tout le Moyen-Âge de grands seigneurs ecclésiastiques exerçant une autorité temporelle sur la ville. Beaucoup d'entre eux participèrent activement à la vie politique de leur temps. L'un d'entre eux fut élu pape sous le nom de Clément VII et siégea en Avignon lors du grand schisme. Des monuments magnifiques s'édifièrent sur le versant de la vallée de la Lys exposé au sud, là où s'était élevée la ville antique: sa cathédrale de style gothique construite au XII éme siècle était l'une des plus belles du nord de la France. Il n'en reste que le groupe sculptural appelé le "Grand Dieu de Thérouanne" actuellement à la cathédrale de Saint-Omer.
Thérouanne possédait deux abbayes florissantes: Saint Jean au Mont (Bénédictins) et Saint Augustin (Prémontrès).
Durant les vicissitudes politiques de la fin du Moyen-Âge, Thérouanne restera une "Régale du Roi de France". Enclave française en territoire des Pays-Bas, son histoire n'est alors qu'une longue suite de siéges et de destructions jusqu'à la date fatale de 1553 (chronogramme: DELETI MORINI) où elle fut prise par les Impériaux de Charles-Quint qui ordonna qu'elle fût rasée "jusque dans ses fondements". seule l'ancienne enceinte fortifiée de la ville se dessine encore.
Les premières fouilles archéologiques à l'emplacement de l'ancienne cathédrale eurent lieu à la fin du XIX ème siècle sous la direction de Camille Enlart. Elles furent reprises vers 1960 par MM. Roland Delmaire puis Honoré Bernard.
Depuis 1990, la surveillance des chantiers de construction et notamment de la déviation nord a permis d'importantes découvertes archéologiques datant pour la plupart de l'époque gallo-romaine.
L'École des Chartes de Paris effectue depuis plusieurs années au printemps des chantiers-écoles (environnement de la cathédrale et extension du cimetière)