Vous avez sans doute croisé sur les trottoirs de notre commune des marcheurs seuls ou en groupes, équipés de leur sac à dos, leur cape de pluie et leur bâton de marche… Ce sont les pèlerins qui, empruntant la Via Francigéna, sont partis de Canterbury une semaine auparavant et qui, pour les plus motivés et courageux, vont rejoindre Rome 75 jours plus tard. Ils visitent notre église, notre musée, font leurs provisions dans nos commerces et recherchent dans notre village une preuve de leur passage, c’est très souvent un tampon qu’ils feront apposer sur le document qui leur est si précieux, la crédenciale
L’origine de la Via Francigéna remonte à l’époque où César (vers -50 avant JC) voulait étendre l’empire romain au-delà des frontières de la Gaule. Son objectif était de conquérir ce que nous appelons aujourd’hui l’Angleterre.
Pour constituer sa flotte et accueillir ses troupes d’invasion, Il aménagea deux ports : Boulogne et Calais (en fait plutôt Wissant). Afin de permettre leurs approvisionnements au départ de la ville impériale une route fut créée entre Rome et le Nord de la Gaule, elle prendra plus tard le nom de la Via Francigéna ou voie des Francs.
Cette route devient au fil des siècles l’un des axes les plus fréquentés d’Europe. Thérouanne capitale de la Morinie est une halte idéale pour les commerçants qui transportent leurs marchandises entre le Nord et le Sud de l’Europe, pour les religieux qui se rendent en pèlerinage à Rome et pour les militaires qu’ils soient alliés ou ennemis.
Thérouanne comptera jusqu’à 20 000 habitants, deviendra un évêché, y seront construites une cathédrale, deux abbayes et deviendra une place forte protégée par plus de 3km de remparts et de fossés.
En 990, Sigéric évêque de Canterbury est nommé cardinal par le Pape. Il se rend à Rome pour recevoir son pallium (attributs et habits de cardinal) et revient à pied d’Italie. Il fait tenir son journal par un de ses aides et y énumère les différentes étapes qui lui permettront de rejoindre Canterbury en 80 jours. Thérouanne est l’une de ses étapes après Bruay et avant Guines.
La Via Francigéna aujourd’hui
Depuis 1994, la Via Francigéna est reconnue par les instances européennes comme itinéraire culturel du Conseil de l’Europe et le projet est qu’elle soit inscrite au patrimoine mondial de l’humanité (le dossier est en cours d’instruction).
La Fédération française de la randonnée pédestre en créant le GR145 a balisé le parcours de la Via Francigéna. Le GR chemine de Calais jusqu’à Fourgs (Jura). Le topoguide « la via Francigena à travers le Pas de Calais » a été réédité cette année, le randonneur y trouve en langue française et anglaise toutes les informations utiles : tracé du chemin, données touristiques, hébergements, commerces alimentaires…
En 2020 la Covid a stoppé l’évolution incroyable (+ de 50 % par an depuis 5 ans ) du nombre de pèlerins qui sont passés à Thérouanne ( 200 environ ) la plupart cette année de nationalité française, mais en 2019 c’étaient plus de 800 qui avaient traversé notre commune dont 220 avaient été hébergés dans le gîte EDEN, ils venaient de 28 pays différents (Australie, Nouvelle Zélande, Japon, Italie, Amérique latine, Angleterre …..)
Le tracé du GR 145
Sigéric n’a pas parcouru seul le chemin, il était accompagné et ne portait certainement pas ses bagages ! La distance à vol d’oiseau entre Guines et Thérouanne ou Bruay et Thérouanne est de plus de 40 km, rares sont les randonneurs qui effectuent en une journée de marche ces distances surtout lorsque les étapes se succèdent tous les jours. Pour cette raison des étapes intermédiaires ont été créées. Entre Bruay et notre village c’est Amettes qui les accueille, ils visitent la maison natale de Saint Benoît Labre, pèlerin mendiant qui y est né en 1748. Après Thérouanne ils sont hébergés dans l’une des deux abbayes de Wisques. Les étapes sont ainsi de 20 km environ soit 5/6 heures de marche et leur pèlerinage nécessitera au moins 3 mois d’efforts.
Si vous rencontrez des pèlerins dans les rues de Thérouanne, n’hésitez pas à aller à leur rencontre, à leur demander s’ils sont à la recherche de renseignements, proposez-leur de visiter le musée, indiquez-leur où sont les commerces et services dont ils ont besoin, ils vous en seront très reconnaissants. Le seul risque que vous ayez est que vous ne les compreniez pas et qu’ils ne vous comprennent pas mais cela se terminera toujours par un sourire de remerciement.
Pour tous renseignements supplémentaires vous pouvez consulter le site internet : ffvf.fr